Censuur in de USA

Mamie Van Doren et sa Jaguar XJ-120 (1954)


 

Waar mensen nog niet voor rijp zijn, daar mogen ze geen kennis van nemen, dit is de achterliggende gedachte bij al die pedagogen, politici en religieuze leiders in de Verenigde Staten. Zo zal het een christelijke natie blijven in de Heer met trouw aan vlag en president. Daartoe dienen ook raddraaiers die socialistische e.a. goddeloze gedachten over ras, sexualiteit en evolutie willen verspreiden gelokaliseerd en geïsoleerd te worden door het hanteren van een index. Internet biedt daartoe in alle vrijheid volop mogelijkheden en rechtstreekse censuur raakt dan als vanzelf overbodig.
 
Je gelooft in opgelegde normen en waarden of je bent dwalende, raadpleegt subversieve werken en ondermijnt het vermeende democratische ideaal. Het is het een of het ander. Zonder geloof in de bestaande orde gaan alle idealen ooit ten onder, die van de vrije markt voorop. Moest immers de 21ste eeuw niet de eeuw van Amerika worden, een Amerika dat daarin slechts kan slagen door de schepping van God te vervolmaken? Dan moet het geloof in God’s Own Country stand houden en dienen de kindertjes er al vroeg van doordrongen te zijn en het Gouden Kalf leren aanbidden.
 


 
 

LES INTERDICTIONS DE LIVRES, POISON DE LA DÉMOCRATIE AMÉRICAINE

 

Depuis deux ans, les interdictions de livres se multiplient dans les établissements scolaires des États-Unis. Ce mouvement, qui a pris une ampleur inédite, est un des éléments de la guerre culturelle qui oppose les forces politiques de droite à celles de gauche dans un pays de plus en plus polarisé. Il ne se réduit toutefois pas à cela : les pressions en faveur de l’interdiction de livres abordant des sujets désormais considérés comme hautement inflammables – pour l’essentiel, la race, le genre et la sexualité – révèlent les failles dans lesquelles la société américaine est en passe de s’abîmer.

« Ces titres, dans leur écrasante majorité, abordent l’identité de genre, la sexualité, la race, les libertés fondamentales »

PEN America, une organisation à but non lucratif qui défend la liberté d’expression aux États-Unis et à travers le monde, a publié en 2022 deux rapports consacrés à la montée en puissance de ce mouvement d’interdiction 1 . Elle a établi un index des retraits de livres et des restrictions d’accès à des livres constatés dans les établissements scolaires du pays entre le 1er juillet 2021 et le 30 juin 2022. Durant cette période, 2532 cas de retraits ou de restrictions d’accès ont été répertoriés par PEN America. Ils concernent 1648 titres qui, dans leur écrasante majorité, abordent plus ou moins directement un ou plusieurs des thèmes suivants: l’identité de genre, la sexualité, la race, le racisme, les libertés fondamentales et l’activisme politique, ainsi que les religions minoritaires aux États-Unis.
 
41 % des titres concernés évoquent des questions liées à l’identité de genre, aux caractéristiques sexuelles ou à l’orientation sexuelle, ou comportent un ou plusieurs personnages LGBTQ+ 2 . 40 % comportent un ou plusieurs personnages n’appartenant pas à la majorité blanche. 21 % abordent des thèmes liés à la race et au racisme. 22 % incluent des contenus à caractère sexuel allant de la puberté et des relations sexuelles aux grossesses adolescentes, aux agressions sexuelles et à l’avortement. 4 % comportent des personnages appartenant à une religion minoritaire ou abordent des thèmes liés à une telle religion. 75 % des titres ayant fait l’objet d’une interdiction ou d’une restriction d’accès sont des romans. 24 % sont des textes ne relevant pas de la fiction et 1 % des œuvres poétiques. Près de la moitié des ouvrages visés sont destinés aux lecteurs âgés de 12 à 18 ans. 19 % sont des textes illustrés pour lecteurs débutants. 10 % s’adressent aux enfants de 7 à 10 ans, 11 % aux enfants de 8 à 12 ans, et 11 % aux adultes.
 
Les livres mis à la disposition des élèves dans les établissements scolaires américains ont été sélectionnés par des professionnels de l’enseignement ou par des bibliothécaires. Tous n’ont pas le même statut. Certains sont simplement présents dans les rayonnages des bibliothèques scolaires tandis que d’autres font partie intégrante des programmes définis au niveau des États fédérés. Ceux-ci délèguent une partie de leurs prérogatives aux school districts, qui regroupent des établissements scolaires publics. Les school districts sont administrés par des commissions composées de membres élus et appelées school boards. En règle générale, ce sont les school boards qui décident de restreindre ou de supprimer l’accès à un ouvrage dans les établissements scolaires placés sous leur autorité.

“To die, it’s easy. But you have to struggle for life.”

Certaines de ces décisions ont fait grand bruit. Le 10 janvier 2022, la commission scolaire du comté de McMinn, dans l’État du Tennessee, a adopté à l’unanimité une motion visant à retirer des programmes scolaires le roman graphique Maus, dans lequel le dessinateur Art Spiegelman relate les persécutions et l’extermination des juifs de Pologne en ayant recours à un procédé audacieux : représenter les juifs sous forme de souris et les nazis sous forme de chats. Cette œuvre, qui a été récompensée en 1992 par un prix Pulitzer – le premier attribué à une bande dessinée –, est une des plus connues de la littérature de la Shoah. Le school board du comté de McMinn a néanmoins retiré Maus du programme de l’équivalent américain de la classe de quatrième au motif que cette bande dessinée comportait des expressions grossières et montrait une femme partiellement nue. Celle-ci n’est autre que la mère d’Art Spiegelman, qui survécut à l’Holocauste et se suicida en 1968.
 
Les minutes de cette réunion du school board reproduisent les propos surréalistes tenus par plusieurs des participants. L’un d’entre eux affirma que ce livre ne saurait être mis entre les mains d’un enfant en raison du langage utilisé par son auteur. Un autre membre du school board déclara qu’il n’était ni judicieux ni sain pour le système éducatif de promouvoir un ouvrage montrant des pendaisons et des assassinats d’enfants. Il s’appuya par ailleurs sur le fait qu’Art Spiegelman avait publié des dessins dans le magazine Playboy pour recommander d’exclure Maus du programme scolaire d’élèves de 13 ans. Un troisième participant suggéra de retirer du texte les expressions jugées grossières.
 
L’un des avocats du school district, qui était présent, souleva les problèmes juridiques qu’une telle décision poserait et suggéra de demander l’autorisation de l’auteur. Seule une des participantes déclara qu’elle souhaiterait que son enfant lise Maus pour comprendre ce qu’avait été l’Holocauste. Elle ajouta néanmoins que certaines des expressions présentes dans le texte n’étaient pas du tout convenables 3 . Les médias nationaux américains rapportèrent la décision du school board du comté de McMinn le 27 janvier, date de la Journée internationale de la mémoire des victimes de l’Holocauste. Interrogé par la presse, Art Spiegelman dit que la mise à l’index de son livre le laissait perplexe. Le musée-mémorial de l’Holocauste des États-Unis souligna que Maus jouait un rôle crucial dans l’enseignement de l’Holocauste. Le tollé aurait dû conduire les membres du school board de McMinn à revoir leur décision. Il n’en a rien été. Mais le retrait de l’œuvre d’Art Spiegelman des établissements scolaires de ce comté a permis à Maus de conquérir de nouveaux lecteurs. Plus de trente ans après la parution de ce roman graphique, ses ventes ont décollé et ont fait de lui un best-seller inattendu.

« L’Œil le plus bleu, de Toni Morrison, est un des trois livres les plus fréquemment exclus des bibliothèques scolaires américaines »

D’autres auteurs célèbres ont été victimes de décisions restreignant ou interdisant l’accès par les élèves à un ou plusieurs de leurs livres. L’Œil le plus bleu, de Toni Morrison, est un des trois livres les plus fréquemment exclus des bibliothèques scolaires américaines. Paru en 1970, ce roman, qui met en scène des personnages afro-américains, évoque le racisme, l’inceste et la pédophilie. La Servante écarlate (1985), de Margaret Atwood, fait également partie des livres qui ont suscité l’ire de nombreux school boards. Ce roman a notamment été accusé de véhiculer une vision négative de certaines religions et de comporter des scènes sexuellement explicites ou violentes. Margaret Atwood a répliqué aux censeurs en faisant réaliser un exemplaire ignifugé de son roman et en le confiant à la maison Sotheby’s pour qu’il soit vendu aux enchères. Les 130 000 dollars ainsi récoltés ont été versés à PEN America afin de soutenir le combat de cette organisation en faveur de la liberté d’expression et contre le mouvement d’interdiction des livres 4 .
 
Les Cerfs-volants de Kaboul (2003), de Khaled Hosseini, est lui aussi au nombre des romans qui ont le triste privilège de faire partie des ouvrages le plus souvent interdits dans les établissements scolaires américains. Il comprend une scène de viol, aborde la question de l’homosexualité dans un pays musulman, et comporte des expressions grossières. Trois livres emblématiques de la littérature américaine ont été retirés en 2022 des programmes scolaires par les responsables du Burbank Unified School District, en Californie, au motif que leurs auteurs utilisaient des termes racistes : Les Aventures de Huckleberry Finn, de Mark Twain (1884) ; Des souris et des hommes, de John Steinbeck (1937); et Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, de Harper Lee (1960). Ces ouvrages restent cependant disponibles dans les bibliothèques scolaires et peuvent être utilisés lors de travaux en petits groupes par les enseignants. […] LIRE LA SUITE

 
© PEN AMERICA


VOETNOTEN
1. PEN America, « Banned in the USA: Rising school book bans threaten free expression and students’ First Amendment rights », avril 2022. PEN America, « Banned in the USA: The growing movement to censor books in schools », septembre 2022.
2. Cet acronyme est utilisé pour qualifier les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queer, inter- sexes et asexuelles.
3. Tim Stelloh, « “Maus”, Pulitzer Prize-winning book about Holocaust, is pulled from Tennessee school district », NBC News Digital, 27 janvier 2022.
4. Antonia Mufarech, « Margaret Atwood tried – and failed – to burn a copy of “The Handmaid’s Tale”. Here is why », Smithsonian Magazine, 9 juin 2022.


LEES OOK
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BRON
Revue des deux mondes18 januari 2023




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