Niemand wordt uitgesloten, ook de gevangenen in den vreemde niet. Zij genieten zelfs een aparte behandeling. De volkeren mogen verheugd en trots zijn dat ze onder de hoede van de Pax Americana nog mogen ademhalen.
Er zijn mensen die noemen het haat wat ik zoal mededeel. Niets is minder waar, ik doe het uit liefde en bezorgdheid voor de medemens. Ik wil ze zover ik kan behoeden voor misstappen die hen in het ongeluk kunnen storten omdat ze goedgelovig van aard zijn en zich steeds gevoegd hebben naar wat van hen verwacht werd. Ze houden zich doof en blind voor de realiteit, die willen ze niet kennen en zoeken bescherming bij diegenen die hen als eersten zullen uitleveren. Een zekerheid heb ik namelijk inmiddels verworven, vertrouw politici niet, op een enkele uitzondering na plegen ze verraad aan de belangen en de toekomst van de mensheid en volgen slaafs wat Uncle Sam dicteert. Ze als landverraders beschouwen is een understatement.
DE LA MUSIQUE COMME INSTRUMENT DE TORTURE
Le point commun entre Britney Spears, Metallica et Bruce Springsteen ? Certains de leurs disques sont utilisés dans les centres de détention américains pour démolir psychologiquement les détenus.
Yasir Al-Qutaji, 30 ans, est un avocat originaire de la ville irakienne de Mossoul. En mars 2004, alors qu’il enquêtait sur les tortures que les soldats américains étaient accusés d’infliger aux Irakiens, il a été arrêté par les forces américaines et soumis aux mêmes sévices. Nu, la tête encagoulée, il a été passé à tabac, puis il a fait un long séjour dans la “disco”, une salle où la musique était diffusée à un tel volume que ses interrogateurs étaient obligés, pour lui parler, de placer un porte-voix près de ses oreilles.
Yasir Al-Qutaji n’est pas le seul Irakien à mentionner ce supplice “musical”. La technique est connue bien au-delà de Mossoul. Elle est utilisée dans tous les lieux touchés par la guerre contre le terrorisme : que ce soit l’Afghanistan, la prison de Guantanamo ou celle d’Abou Ghraib. En Afghanistan, Zakim Shah, un paysan de 20 ans, a été privé de sommeil par des soldats américains qui l’exposaient à une musique assourdissante et l’accablaient de cris. A Guantanamo, des morceaux d’Eminem, de Britney Spears, de Limp Bizkit, de Rage Against the Machine, de Metallica et de Bruce Springsteen – en particulier son tube Born in the USA – sont diffusés aux détenus à des volumes abrutissants, parfois pendant quatre heures d’affilée. Dans la prison d’Abou Ghraib, Saddam Salah Al-Rawi, un Irakien de 29 ans, dit avoir été encagoulé, aspergé d’urine et enchaîné à la porte de sa cellule – tout cela sans motif et pendant quatre mois. Là aussi, la musique servait d’instrument de torture. “Dans la cellule, il y avait une chaîne stéréo, avec une musique si forte que je ne pouvais pas dormir, témoigne-t-il. Je suis resté comme ça pendant vingt-trois heures d’affilée.”
Quelle que soit la musique diffusée – en général du heavy metal ou du hip-hop, mais parfois aussi des musiques de dessins animés, comme le titre I Love you de Barney le dinosaure ou des chansons de la série Rue Sésame –, elle est infligée aux détenus avec une telle violence qu’ils sont brisés sans même qu’on ait besoin de les toucher. Cette technique fait partie de ce qu’on appelle la “torture légère”, une combinaison soigneusement dosée de moyens de coercition psychologiques et physiques qui, sans aller jusqu’à provoquer la mort, peut causer des traumatismes psychologiques considérables. Conçue pour priver la victime de sommeil et générer une surstimulation sensorielle, elle se révèle absolument insupportable.
L’utilisation de la musique comme instrument de torture constitue manifestement une atteinte aux droits de l’homme. De plus, comment peut-on accepter le fait que tout un pan de la culture populaire américaine soit ainsi utilisé à des fins oppressives ? La musique n’est plus un moyen d’expression individuelle ou de critique sociale, mais une véritable arme au service de la puissance militaire américaine. Le supplice musical est la manifestation la plus récente de l’impérialisme culturel, un terrible paradoxe dans une guerre censée propager des valeurs américaines universelles.
Pourtant, la première réaction que ce supplice a inspirée aux Américains n’était pas de l’indignation, mais de l’amusement. La plupart des journaux américains ont écrit que de dangereux terroristes pouvaient, comme tout le monde, être torturés par des titres de Britney Spears. Le site Internet du Chicago Tribune a même établi une liste des “morceaux d’interrogatoire” favoris des internautes (Muskrat Love de Captain and Tennille est arrivé en tête du classement). Le New York Sun a parlé de “musique d’ambiance pour secouer les djihadistes”, et un journal du Missouri a écrit cyniquement que le ministre de la Défense, Donald Rumsfeld, avait “approuvé la plupart des morceaux musicaux utilisés contre les détenus, tout en affirmant qu’obliger les prisonniers à regarder des photos de la chanteuse Christina Aguilera posant nue dans une piscine constituait, en revanche, une violation de la convention de Genève”.
L’utilisation de la musique comme instrument de torture n’est pourtant pas nouvelle. En 1997, déjà, le Comité des Nations unies contre la torture avait formellement qualifié ce genre de supplice, alors fréquemment utilisé par les troupes israéliennes, de véritable torture et demandé qu’il soit interdit.
Qu’en est-il des musiciens concernés ? Si de nombreux groupes ne sont même pas au courant de l’usage que l’on fait de leurs chansons, James Hetfield, du groupe Metallica, s’est exprimé sur ce phénomène sur les ondes de la radio publique. Interrogé par le journaliste Terry Gross, il a répondu qu’il était “fier” que sa musique soit “culturellement offensante” pour les Irakiens. Il a ajouté qu’il considérait sa musique comme une liberté d’exprimer sa folie. “Si les Irakiens ne savent pas ce qu’est la liberté, a-t-il ajouté, je suis heureux que mes chansons leur en donnent un avant-goût.”
Mais James Hetfield ne devrait pas être le seul à s’exprimer. Comment se positionnent les autres musiciens ? Eminem va-t-il enfin s’élever contre la torture ? Et Bruce Springsteen s’offenser que sa musique soit utilisée, malgré lui, pour faire souffrir autrui ? Si des musiciens américains sont contre l’utilisation de leur musique comme instrument de torture, il est grand temps qu’ils fassent entendre leur voix.
BRON
Courrier International – 2007
Uitgelichte foto: bron