Fernand Léger: L’étoile de mer
Een vrouw neemt tijdelijk afscheid van de virtuele wereld om zich te kunnen concentreren op haar politieke strijd in een stad bestuurd door fascisten. Ze geeft de redenen aan: ze is jong, links en gesteld op diversiteit, zaken die fascisten, ook die van het FN, verachten.
Insaf Rezagui
Je suis tout ce que le FN déteste : je suis jeune, de gauche, femme et issue de la diversité.
Et vivre dans une ville FN quand on est jeune, de gauche, femme et issue de la diversité rend notre quotidien plus difficile.
Vivre dans une ville FN quand on est issue de la diversité, c’est être en permanence ramener à une présupposée identité religieuse. C’est être en permanence ramener à ses origines. C’est en permanence être victime de racisme. Ce racisme il est violent, il fait mal. Il est balancé en pleine figure. Pas un jour sans que je ne sois pas la « petite terroriste » du coin, la petite qui fait monter « l’islamisme en France », la petite « extrémiste », ces propos-là ont été notamment tenus par le nouveau responsable du FNJ à Fréjus dès 2014. Ces propos-là je les prends personnellement. Au départ, on se remet en question ? Qu’est ce que j’ai fait ? Est-ce mes combats pour les droits de l’homme qui sont remis en cause (car oui à plusieurs reprises et de la part même du maire, ma nationalité française a été remise en doute et une présupposée attache ailleurs m’est accordée).
Puis après on se rend compte que ces attaques sont leur marque de fabrique. Qu’ils détestent se savoir combattus idéologiquement et politiquement. Ils détestent ce que je suis : une républicaine, profondément laïque qui se bat chaque jour pour la République et pour faire triompher les valeurs de mon pays.
Je suis Française et je suis fière d’appartenir à la communauté nationale. Car c’est bien cela leur problème : ils ne reconnaissent pas une communauté nationale mais des communautés. Leur but ? Nous diviser. Mais ils n’y arriveront pas. Notre communauté nationale est plus grande. Et je continuerai de me battre pour permettre à chaque enfant dans ce pays, quel qu’il soit, d’être un enfant de la République.
Vivre dans une ville FN quand on est une femme, c’est vivre en permanence le sexisme et la misogynie. C’est se voir rabaisser quotidiennement parce que l’on est une femme. Etre femme dans une ville FN, c’est avoir le droit aux remarques sexistes d’un adjoint FN qui m’explique sur les réseaux sociaux qu’il y a forcément un homme derrière moi pour écrire mes discours (d’ailleurs méfiez-vous, à tous les coups un homme vient d’écrire celui que je vous livre aujourd’hui).
Etre femme dans une ville FN, c’est être considérée comme bête, comme stupide, sans cerveau, qui ne peut pas avoir la carrure pour être l’une des cheffes de fil de l’opposition dans une grande ville comme Fréjus.
Etre femme dans une ville FN, c’est m’expliquer régulièrement que finalement je ne suis pas vraiment la responsable de la section socialiste à Fréjus et que forcément les décisions et les idées sont issues du cerveau d’un homme.
Est-ce donc cela la conception de l’égalité homme-femme par le FN ? A quelle place le FN souhaite-t-il voir la femme aujourd’hui dans le débat politique ? J’ai la réponse à ces interrogations.
Vivre dans une ville FN quand on est jeune, c’est être rabaissé en permanence. C’est être décrédibilisé quand on nous explique qu’on ne peut pas avoir 20 ans et réfléchir par soi-même. C’est nous expliquer que « et toi la petite jeune là-bas » te mêle pas aux affaires « des grands ».
Etre jeune dans une ville FN, c’est pour le FN estimer que la jeunesse qui s’oppose à lui ne peut avoir de place dans le débat politique local. Elle ne peut pas avoir de responsabilité. Et encore pire elle n’a aucune crédibilité à porter un combat politique et à proposer une alternative républicaine et démocratique.
Est-ce donc cela l’idée que se fait le FN de la jeunesse ?
Vivre dans une ville FN quand on est de gauche, c’est expérimenter chaque jour le refus de démocratie et de pluralisme de la part du FN. C’est vivre leur autoritarisme de manière violente. C’est avoir leur droit aux attaques personnelles en permanence.
C’est être insulté chaque jour : « sale gauchiste, t’es pas la bienvenue ici », « de toute façon en 2017 on ne vous verra plus ». Pour le FN, l’opposition politique n’a aucun intérêt. Il n’y a pas à se battre sur ce terrain. Il ne nous voit pas comme politique mais comme des gens à exclure et à écarter de tout débat et de la vie publique en général.
Etre de gauche quand on est dans une ville FN, c’est essayer de lutter avec des armes politiques quand en face le rouleur compresseur du FN est déroulé systématiquement.
Je me rappelle encore de ce dimanche d’automne quand nous socialistes étions, comme toutes les semaines, sur un marché de la ville et qu’un groupe de militants FN débarque massivement et nous apostrophe grossièrement « oh c’est la folle du PS qui est là regardez » en s’adressant aux Fréjusiens qui passent.
Est-ce donc cela la vision de la démocratie et du bon fonctionnement de la vie politique au FN ? Mon expérience au quotidien sur le terrain m’a donné la réponse.
Mais être jeune, de gauche, femme et issue de la diversité dans une ville FN c’est surtout et avant tout, pour moi, porter un combat républicain au quotidien pour la préservation de notre modèle républicain contre cette extrême-droite. C’est assumer ce que l’on est et son identité politique. Parce que oui, mon combat contre le FN c’est avant tout un combat pour nos valeurs. C’est un combat difficile et violent mais c’est un combat que j’assume, que je porte et que je porterai jusqu’à permettre à ma belle ville de redevenir ce qu’elle était auparavant.
C’est aussi pourquoi, je compte poursuivre mon engagement dans les prochains mois en prenant toute ma part dans la bataille électorale qui arrive pour faire en sorte que les valeurs anti-républicaines régressent.
Uitgelichte afbeelding: Fernand Léger – bron